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s’organiser dans

les quartiers populaires

Le jeudi 21 avril 2022 à 19h30 a eu lieu la table ronde S’organiser dans les quartiers populaires, autour de la thématique de la mobilisation des habitants des quartiers populaires face aux inégalités. Les invités sont Goundo Diawara, CPE ; Issa Coulibaly, fondateur de l’association Pazapas et Samir Elyes, éducateur spécialisé, ancien Militant du MIB. Modération par la journaliste Nora Hamadi.

La crise du Covid a été un véritable révélateur des inégalités profondes au sein de la société française, poussant certains acteurs des quartiers populaires à intervenir. L’absence d’une intervention publique efficiente oblige les habitants de ces quartiers à s’organiser. Existe-t-il une histoire de l’auto-organisation dans ces quartiers ? Quand et pourquoi décide-t-on de passer à l’action ? Cette solidarité est-elle transposable à grande échelle ?

🔊 Écouter la table ronde en version intégrale 🔊

De gauche à droite Goundo Diawara, Issa Coulibaly, Nora Hamadi et Samir Elyes.

Introduction de la directrice de la bibliothèque – Anne-Marie Vaillant

Bienvenue à ce 4ème rendez-vous de la Résidence Aya Cissoko…

PRÉSENTATION

Goundo Diawara, conseillère principale d’éducation en région parisienne est investie à double titre sur les questions d’éducation. En tant que parent, elle est également bénévole et secrétaire nationale du Front de mères, un collectif de parents d’élèves des quartiers populaires. Front de mères a ouvert en juin 2021 avec l’association Alternatiba la Maison de l’écologie populaire en juin : Verdragon.

Samir Elyes, éducateur spécialisé, ancien militant du MIB – Mouvement de l’Immigration et des Banlieues. En 1997, il participe aux révoltes urbaines de Dammarie-lès-Lys (Seine-et-Marne), sa ville d’origine. Après un évènement tragique, la mort d’un mineur abattu par la police dans une course-poursuite, il rejoint le MIB (Mouvement de l’immigration et des banlieues), et s’attèle à la question de l’émancipation, par la politisation des quartiers.

Issa Coulibaly, fondateur de l’association Pazapas dans le 20e à Paris, et du festival Belleville en vrai, un tournoi sportif conçu de manière participative par et pour les jeunes de Belleville, il oppose sur trois jours et six épreuves les jeunes des quatre quartiers environnant le métro Belleville à Paris. Ce festival souhaite « couper les barrières entre les micro-espaces d’un même quartier ». Cette association incite les jeunes à s’impliquer dans la vie sociale de leur quartier. Par ailleurs, Il a déposé une requête contre l’État pour obtenir la fin des contrôles au faciès.

Modération par Nora Hamadi, journaliste-présentatrice, spécialiste des questions européennes. Depuis septembre 2018, elle présente l’émission Vox pop sur Arte et depuis septembre 2021, l’émission sous les radars sur France Culture.


Table ronde

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1-Q-Nora Hamadi à Goundo Diawara

Diagnostic / les habitants des quartiers populaires représentent-ils une force politique ?

Nora Hamadi : Peut-être un élément de diagnostic, on a le sentiment, parce que les quartiers populaires votent peu, s’abstiennent, on le voit encore à cette présidentielle…

2-Q-Nora Hamadi à Elyes Samir

Qu’est-ce que ça veut dire faire de la politique en quartier populaire ?

Nora Hamadi : On entend beaucoup, Samir, dans ce que dit Goundo, la dimension de trahison, toi ça fait un moment que tu es sur ce terrain avec le MIB…

3-Q-Nora Hamadi à Issa Coulibaly

Est-ce qu’on peut dire que vos actions palient les déficiences de l’Etat ?

Nora Hamadi : Tout en ayant ces besoins primaires, presque, du service public auquel on a jamais répondu par la présence justement de politiques publiques, c’est ça que ça veut dire ?

4-Q-Nora Hamadi à Samir Elyes

Est-ce qu’on peut parler d’inadaptation, est-ce qu’il y a des zones où les services publics sont absents ?

Nora Hamadi : Samir, tu partages ce constat, on ne peut pas non plus parler d’abandon…

5-Q-Nora Hamadi à Gondo Diawara

Quelle est la situation de l’école – quel lien entre ces problématiques et le syndicat de parents que tu as créé ?

Nora Hamadi : Le seul service public auquel on est confronté dans les quartiers populaires, c’est la police…

6-Q-Nora Hamadi à Issa Coulibaly

Comment s’organiser pour entrer dans un rapport de force et bénéficier du droit commun ?

Nora Hamadi : Pour pouvoir prétendre à une émancipation par l’école, et par l’éducation comme ailleurs, il faudrait en passer par un rapport de force…

7-Q-Nora Hamadi à Samir Elyes

Comment on fait comprendre aux habitants des quartiers populaires qu’ils ont le pouvoir et la capacité d’agir ?

Nora Hamadi : Ce qu’on voit émerger depuis 20, 30 ans, c’est des communautés qui commencent à s’organiser…

«Nos quartiers populaires, qui ont servi de laboratoire dans le maintien de l’ordre, ont une histoire qu’il faut transmettre. On ne pourra rien construire à son détriment, il y a une continuité avec ce qui se passe aujourd’hui.»

Samir Elyes, Libération, juin 2020

8-Goundo Diawara

On est légitimes pour porter la question de la mémoire des luttes et interpeler les autorités…

Goundo Diawara : c’est un travail qui demande du temps, mais il y a aussi le réveil du sentiment de légitimité pour eux de se dire, oui on est légitimes pour aller chercher nos réponses…

9-Q-Nora Hamadi

Chez Verdragon vous faites du politique mais est-ce qu’il ne faut pas faire de la politique ?

Nora Hamadi : …Vous avez ce lieu, globalement, ça pose la question plus globale au politique, vous arrivez avec ces ateliers, cette AMAP, à faire converger des populations qui ne se croisaient pas trop…

10- Q-Nora Hamadi à Issa Coulibaly puis Goundo Diawara

Comment, au vu du nombre de lieux associatifs engagés, on n’arrive pas à opérer une bascule de l’action politique ?

Nora Hamadi : … sauf que pour créer du rapport de force, pardon, soit tu as du monde derrière toi, mais les quartiers ne votent pas trop, et comment tu arrives à placer les tiens pour avoir un effet sur la politique…

11- Samir Elyes

Entrer petit à petit dans les spères politiques et prendre notre place.

Samir Elyes : Y’a un exemple concret, Champs sur Marne, il y a le comité Gay, à la base qui s’est constitué parce qu’on a tué leur frère d’une balle derrière la tête…

12-Q-Nora Hamadi

Dans le champs des luttes dans les quartiers, il y a des gens qui ont du mal à travailler ensemble… donc comment faire masse ?

Nora Hamadi : …Y’a quand même pas plus concurrentiel que les organisations qui sont issues de quartiers populaires, en termes de convergences, il y a un gros travail à faire…

13- Issa Coulibaly

Issa Coulibaly : Chacun mène ses actions comme il peut, tout contribue et se développe dans le même sens

14- Intervention du maire du 20e

Aya Cissoko : Monsieur le Maire du 20e arrondissement,… M. le Maire : Avant d’être Maire, j’étais militant associatif…

15- Réponse d’Issa Coulibaly et autres questions du public

Issa Coulibaly : Sur la relégation relative des quartiers populaires, je voulais faire une petite réflexion, c’est vrai qu’en banlieue, on est loin de tout mais à Paris on a tout sous les yeux mais on a accès à rien…

16- Conclusion de Samir Elyes

Violences policières – QPV laboratoire – ANRU – casser l’histoire – violence des jeunes

Samir Elyes : Sur les bailleurs sociaux, c’est clair que quand ils virent tout le monde, c’est politique, parce que ce sont des espaces qui nous ont permis, à nous dans les années 80, 90, 2000, de nous réunir…

17- Conclusion de Goundo Diawara

Goundo Diawara : La seule institution, où on peut avoir un intérêt à ce qu’il y ait des personnes issues de l’immigration post-coloniale, qui entrent dans cette institution là, qui soient cadres, c’est effectivement dans l’Education Nationale…

18- Q-Aya Cissoko (dans le public)

Comment résister au rouleau compresseur des services publics, de l’école. Exemple de SAINT-DENIS et autres questions du public.

Aya Cissoko : Actuellement, on voit bien qu’il y a cette volonté de privatiser l’éducation, comment on fait pour résister…

19- Vos rêves, vos utopies ?

Goundo Diawara : pour parler comme les Miss France, c’est l’égalité, un monde juste, égalitaire dans lequel nos gosses pourront s’épanouir, en fait…

20-Catherine Ejarque, bibliothécaire à Assia Djebar

La bibliothèque n’est-elle pas la dernière institution comme rempart pour s’auto-organiser ?

Catherine Ejarque : On a parlé des institutions, mais on a pas parlé des bibliothèques, dans les quartiers populaires, c’est une des dernières institutions où les habitants se retrouvent…

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